Un Livournais à Nantes. Medice cura teipsum…

31/03/2025

Sodalitium (n° 74) a déjà eu l’occasion de parler du prêtre la Fraternité Saint-Pie X, l’abbé Daniele Di Sorco, dans une brève recension intitulée “Radio Spada et la Fraternité ne sont pas ‘tranquilles’” (pp. 73 ss.). Mea culpa : j’admets avoir un peu raillé l’abbé Di Sorco, décrit comme “prêtre livournais de la Fraternité, formé précédemment auprès des bi-ritualistes Franciscains de l’Immaculée”, en posant la question de savoir “s’il est plus honteux pour Radio Spada de collaborer avec la Fraternité, ou au contraire s’il l’est davantage pour la Fraternité de collaborer avec Radio Spada”. Je comprends donc que l’abbé Daniele ait pris la mouche, et qu’il ait pensé nous rendre la pareille dans une conférence qu’il a tenue à Nantes, en Bretagne, le 10 mars 2025.

Il faut savoir qu’à Nantes des prêtres français, membres de l’Institut Catholique Romain de Mgr Sanborn, ont succédé à l’abbé Philippe Guépin, et ont beaucoup de succès dans leur apostolat, qu’il soit traditionnel (messe, sacrements, etc.) ou plus moderne (par une présence assidue sur les réseaux sociaux). Il est donc compréhensible que la Fraternité Saint-Pie X, habituée à faire ‘profil bas’ à l’égard des modernistes, soit plutôt préoccupée par la présence ennuyeuse à Nantes de zélés prêtres “guérardiens”, et entend contester leurs argumentations. Sodalitium laisse volontiers aux confrères bretons l’honneur et la charge de répondre à l’abbé Di Sorco, en se limitant à dire deux mots au disciple de l’abbé Tranquillo au sujet… de la fameuse mouche dont il est question plus haut.

L’abbé Ricossa est-il un faussaire ?

L’abbé Di Sorco, donc, est parti d’Albano Laziale et est allé à Nantes (Prieuré Saint-Louis, 10 mars 2025)… spécialement pour mal parler des “sédévacantistes” (qui ensuite seraient au contraire les défenseurs de la Thèse de Cassiciacum) avec une “conférence-diaporama sur le sédévacantisme” intitulée “Une Église sans Pape ?”. (On voit que la Fraternité n’a pas trouvé dans toute la France un conférencier adéquat et qu’elle a dû le chercher en Italie). Mais venons à la minute 1:18:29 (et suivantes) et nous transcrivons/traduisons les paroles du conférencier : “Il faudrait que les sédévacantistes nous expliquent comment ils peuvent juger valides leurs confessions s’ils pensent que dans l’Église il n’y a plus aucun sujet de juridiction ordinaire. Vous savez, une fois il y avait eu un débat en Italie avec le chef (sic) de l’Institut Mater Boni Consilii, ceux qui sont maintenant à Nantes (sic), ceux qui tiennent la Thèse de Cassiciacum. Il y a eu un débat parce qu’il y a un abbé de chez nous (l’abbé Tranquillo ; on voit que, depuis qu’il est sorti de la Fraternité, il est devenu innommable, n.d.a.) qui avait présenté cet argument, il a dit mais comment vos confessions sont valides ? Et l’abbé Ricossa, donc le chef de l’Institut, avait répondu en disant, voilà, il avait cité un texte de Merkelbach, c’est un célèbre manuel de (théologie) morale. Il avait dit : ici, on voit que dans ce cas-là le prêtre reçoit la juridiction par Dieu. Sauf qu’il avait coupé la citation. Parce que la citation disait de fait ils reçoivent la juridiction de Dieu par le Pape, à travers le Pape. Et cela changeait tout. Donc s’il a été obligé de changer la citation, de couper la citation, de la falsifier en fait, parce qu’elle lui faisait dire des choses différentes de ce qu’il disait, eh bien on voit qu’ils ont des difficultés à répondre à cet argument”.

Cher abbé Di Sorco, les mensonges ont la vie courte !

Les fidèles ignorants du Prieuré Saint-Louis de Nantes, évidemment, ne peuvent pas savoir ce qu’a réellement dit l’abbé Ricossa, dont ils ignorent même probablement l’existence. C’est pour cela que l’abbé Di Sorco peut leur faire croire n’importe quoi, certain qu’ils le prendront pour argent comptant. Mais pour qui voudrait contrôler (et connaît l’italien), nous donnons la possibilité d’écouter les paroles mêmes de l’abbé Ricossa (Milan, 15 novembre 2014, XIII convegno di Studi Albertariani – « La Tesi di Cassiciacum ieri e oggi La Chiesa ai tempi di Jorge … – Gloria.tv) et d’en lire la transcription que j’ai repérée sur un site que je ne connaissais pas, mais méritoire : lumen publicum: La Tesi di Cassiciacum, obiezioni e risposte (Parte II)
Un auteur des plus sérieux, un prêtre de la FSSPX qui a exposé d’abord oralement puis par écrit – nous en avons parlé personnellement aussi, et je dois admettre que, comme dit une mauvaise langue vénète –, l’abbé Mauro Tranquillo m’a mis en difficulté… Je ne voudrais pas déformer sa pensée mais substantiellement, pour résumer la manière dont je l’ai comprise, la chose est ainsi. Moi-même, j’ai insisté en parlant des consécrations des évêques (j’en ai aussi parlé ici) sur une vérité qui est enseignée par le Magistère ordinaire de l’Église, à savoir : la juridiction de l’évêque et toute la juridiction ecclésiastique vient de Dieu – parce que tout vient de Dieu – par l’intermédiaire du Pape. C’est ce que les conciliaires nient, qui est enlevé dans Lumen Gentium. Mais le Magistère de l’Église jusqu’à Pie XII, donc le Magistère de l’Église “et basta”, dit cela. “Bien, dit l’abbé Tranquillo, si toute la juridiction de l’Église vient du Pape et que vous dites qu’il n’y a pas de Pape, que s’ensuit-il ? Que l’Église est totalement privée de juridiction, qu’il n’y a plus de pouvoir de juridiction, en aucune façon”. Et cela pose donc déjà problème pour l’indéfectibilité, etc. Dans la Réponse au Dossier sur le sédévacantisme j’ai répondu. Mais la chose qui frappe le plus les gens c’est l’exemple qu’il ajoute : “Puisque dans le Sacrement de Pénitence la juridiction est nécessaire pour la validité” – et j’ajoute : de Droit divin – “s’il n’y a pas de Pape, qui est la source de toute la juridiction, personne n’a plus la juridiction pour confesser, et par conséquent les confessions sont toutes invalides. Cela est impossible – et notamment les nôtres le seraient – donc reste le Pape”, un Pape qui ne fait rien, qui n’enseigne pas, qui ne fait pas de lois, qui ne promulgue pas, qui n’est là que pour rendre valides les confessions de l’abbé Tranquillo. Et ensuite il les rend valides sans le vouloir, puisqu’il dit : “vous n’avez aucun ministère légitime dans l’Église”. Mais par quelque “détour” du droit canonique la juridiction arrive là aussi…

L’erreur de fond (maintenant, je ne veux pas réduire à une minute ce qui mériterait d’être traité de manière bien plus approfondie, parce que c’est une objection intelligente, comme intelligente est la personne qui l’a faite) est une confusion, dont il me semble que l’abbé Tranquillo ne parle pas (si je me trompe, il me corrigera), entre la juridiction au for interne et la juridiction au for externe. Ici j’ai les photocopies du Manuel de théologie morale [1935] de Merkelbach, qui est un dominicain thomiste, dans lequel en parlant du pouvoir des clefs, “Sacrement de Pénitence”, fait précisément cette distinction :

«Iurisdictio alia est fori Ecclesiæ seu externi, quando directe et primario spectat publicum Ecclesiaæ regimen et utilitatem ; alia fori Dei seu interni, quando directe et primario spectat privatam cuiuslibet fidelis utilitatem. Prior est potestas ecclesiastica et socialis quæ conceditur a Pontifice ex propria auctoritate, et ideo ex hac derivatur ab eo ut a causa principali et auctoritate eius exercetur ; altera est potestas non ecclesiastica sed divina, quæ conceditur auctoritate propria Dei (qui solus valet directe attingere coscientiam et vinculum peccati), mediante tamen Pontifice ut ministro et instrumento divinitatis, et ideo non auctoritate Ecclesiæ propria sed auctoritate ipsius Dei exercenda.» (B. H. Merkelbach o.p., Summa Theologiæ Moralis, III, p. 526, Brugis 1962).

«Une chose est la juridiction du for de l’Église ou for externe, qui regarde directement et de manière principale le régime, le gouvernement et l’intérêt public de l’Église ; autre est la juridiction du for de Dieu ou interne, qui de manière directe et principale concerne l’intérêt privé de tout fidèle. La première est le pouvoir ecclésiastique et social concédé par le Pontife de sa propre autorité, et elle en découle donc comme cause principale ; l’autre est un pouvoir non ecclésiastique mais divin qui est concédé par l’autorité propre de Dieu».

Après quoi, Merkelbach explique [que] le pouvoir des clefs dont on parle et qui vient de l’Évangile, est concédé au prêtre comme juridiction au for interne – en confession donc – par l’ordination sacerdotale. Par conséquent, le pouvoir de confesser, comme on sait, est donné par l’ordination sacerdotale qui donne le pouvoir des clefs et la juridiction au for interne, qui ne vient pas du Pape mais de Dieu. Il est vrai que la juridiction au for externe, parce que le sacrement de l’Ordre donne au prêtre le pouvoir de confesser, a besoin qu’il ait des sujets, et les sujets c’est le Pape qui les lui donne. C’est le Pape qui dit “tu es curé ici” ou “tu as le pouvoir de confesser là”, etc. etc. C’est le Pape qui lui donne les sujets, mais le pouvoir de confesser, c’est Dieu qui lui donne avec l’Ordination. Or, en “état de nécessité”, l’abbé Tranquillo dit que les sujets nous les avons, et qu’en conséquence ce qui est une question purement ecclésiastique se résout par l’“état de nécessité”, alors qu’au contraire la racine de ce pouvoir de la juridiction pour confesser vient de Dieu. L’absence de distinction entre cette juridiction au for interne qui est divine, et la juridiction au for externe qui est ecclésiastique, est la faille dans le raisonnement. Il est vrai que “toute juridiction vient de Dieu par la médiation du Pape”, mais cela vaut uniquement pour la juridiction au for externe ; la juridiction au for interne, pour le bien privé de chaque fidèle, comme le pouvoir des clefs, vient directement de Dieu. Ce n’est pas ce que je dis, moi, mais ce que dit Merkelbach et les auteurs qui traitent de la question”.

Je m’excuse pour la longue (auto)citation, de plus ennuyeuse du fait du style parlé, et l’intervention “à brûle-pourpoint”, mais c’était nécessaire pour clarifier ce dont on parle.

Pour rendre compréhensible la question au simple fidèle moyennement instruit de sa religion, il suffira de rappeler ce qui suit :

• le pouvoir de confesser est reçu de Dieu par l’Ordination Sacrée (pouvoir des clefs, for interne) tant il est vrai qu’un évêque diocésain ou même le Pape, avec sa juridiction suprême, qui n’ont pas encore reçu l’ordination sacerdotale, ne peuvent confesser ;

• mais ledit prêtre, par droit divin (puisque le sacrement de pénitence est un tribunal) doit pouvoir exercer son pouvoir sur des sujets, qui lui sont donnés de droit par la juridiction (au for externe) qui, en dernière analyse, vient du Pape.

Dans ma conférence j’ai rappelé les deux aspects, c’est pourquoi je n’ai pas tronqué, changé, falsifié quoi que ce soit (ce que pour l’abbé Di Sorco j’aurais tronqué, je l’expose à partir des mots : “il est vrai que la juridiction est nécessaire au for externe, etc…”). L’abbé Di Sorco peut ne pas être d’accord avec les conclusions que j’en tire – il est tout à fait libre de penser différemment de moi – mais il ne peut nullement m’accuser d’avoir tu une partie de la vérité, que j’ai exposée clairement à ceux qui m’écoutaient.

C’est pourquoi, pour conclure, je dirai : cher abbé Di Sorco, je n’ai pas falsifié ce qu’écrit Merkelbach, alors que vous avez falsifié ce que j’ai dit. Médecin, guéris-toi toi-même (Luc, 4, 23).

Un livournais à Velletri ? (en esprit seulement)

À moins qu’il ne s’agisse d’un cas de télépathie, il doit exister une ligne directe entre Albano Laziale, siège du district italien de la Fraternité Saint-Pie X, et Velletri, où est imprimé le bimensuel Sì sì no no. Cela pourrait surprendre puisque le principal rédacteur de Sì sì no no était étroitement lié à la “résistance” de Mgr Williamson (RIP), née en opposition à la soi-disant “néo-Fraternité”, tandis qu’Albano est comme indiqué, le centre de la “néo-Fraternité” en Italie. Mais en Italie, on connaît bien l’histoire des “voleurs de Pise” qui se querellent le jour et volent ensemble la nuit, si bien que nous soupçonnons que les ‘résistants’ et la ‘néo-Fraternité’ ne soient, au fond, qu’une seule et même chose. Et en effet, le bimensuel que l’abbé Putti – de vénérée mémoire – voulait “antimoderniste”, est devenu depuis longtemps, une fois le fondateur enterré, “antisédévacantiste”.
Le n° 3 du 15 février 2025 n’y échappe pas, dans lequel un “pseudonyme” “canonicus romanus” (peut-être en partie romain, mais salvo meliori iudicio, je doute qu’il soit un authentique chanoine) publie un article intitulé “La juridiction vient de Dieu à l’Église par l’intermédiaire du Pape”. Je n’aurais rien à redire à cette proposition – j’y souscris même – si ce n’était que l’article ne traite pas de la juridiction au for externe (par ex. celle de l’ordinaire diocésain sur son diocèse), mais de celle au for interne (celle du confesseur sur le pénitent). Et là, comme indiqué dans l’article précédent, il faut opérer certaines distinctions. Quoi qu’il en soit, le “chanoine romain” et le “livournais à Nantes” se copient mutuellement, décochant leurs flèches (explicitement ou implicitement) contre l’abbé Ricossa à propos de la citation du père Merkelbach. L’un comme l’autre opposent à la Thèse de Cassiciacum l’indéfectibilité de l’Église, comme si nous n’avions pas déjà répondu depuis longtemps (Sodalitium n° 55, pp. 48 ss) et comme si le fait de reconnaître une autorité magistérielle au concile Vatican II et à tous les occupants du Siège de Pierre de Montini jusqu’à Bergoglio ne revenait pas, en réalité, à nier précisément l’indéfectibilité de l’Église, laquelle aurait changé de nature et de doctrine !
Le “chanoine romain” ne semble pas se préoccuper de la doctrine, mais seulement de l’institution ; mais comment peut-il soutenir que l’Église disparaîtrait en cas de vacance du Siège ? C’est évidemment impossible, puisqu’il y a vacance du Siège… à chaque décès de Pape ! Il distingue donc entre la vacance du Siège transeunte (passagère) et la vacance habituelle : la première serait possible, la seconde au contraire entraînerait l’impossible disparition de l’Église (oubliant qu’aucune loi de l’Église ne fixe une certaine limite de temps à la durée de la vacance du Siège). Dans la vacance transeunte, l’Église subsiste encore, car elle a encore des cardinaux et des évêques résidentiels, dans le second cas non. Voilà “démontrée” l’impossibilité d’admettre le “sédévacantisme”. Mgr Lefebvre l’écrivait déjà en 1979 : comment élire un Pape sans cardinaux ?
Cette objection vaut peut-être contre le “sédévacantisme”, mais certainement pas (et nous en parlons largement dans ce numéro) contre la Thèse de Cassiciacum (qui, d’ailleurs, parle plutôt de Siège occupé que de Siège vacant), mais je ne perdrai pas mon temps – ni le vôtre, cher lecteurs – à revenir pour la énième fois sur cette question. Le sujet de cette petite note est plutôt une affirmation qui, bien qu’en plein Carême, m’a arraché un sourire amusé…

Le coin de la bonne humeur

En effet, dans la ligne de l’abbé Tranquillo et de son compagnon, l’abbé Di Sorco, le “chanoine romain” prétend qu’un Pape est toujours nécessaire pour donner la juridiction au confesseur : sans Pape, toutes les confessions sont invalides ! (ainsi, Bergoglio ne serait pas nécessaire comme Maître infaillible de la foi, mais il le serait pour rendre valides les confessions de l’abbé Tranquillo, de l’abbé Di Sorco et de l’abbé… Velletri). Mais… durant la vacance du Siège ? Bergoglio a été à deux doigts de quitter physiquement le Siège… qui rendra valides les confessions des prêtres traditionalistes-bergogliens orphelins de leur chef ? (Lignes écrites avant la mort dudit personnage, n.d.a).
C’est ici (p. 3) que la logique implacable du raisonnement mène à une affirmation plutôt cocasse et qui, jusqu’à preuve du contraire, me semble tirée par les cheveux : “dans la vacance transitoire du Siège, subsiste réellement et en acte, le Collège cardinalice, capable de suppléer le Pape défunt (assurant, entre autres, la validité des confessions et des mariages)…”. Le tout écrit en gras dans le texte cité. Si l’abbé…Velletri me dit que le collège des cardinaux assure l’élection du Pape en conclave, je veux bien le croire ; mais qu’il supplée au Pape défunt et qu’il garantisse la validité des confessions et même des mariages (au mépris du canon 1098), c’est pour moi une nouveauté et, me semble-t-il, la blague de l’année.
D’abord, le collège des cardinaux ou le corps épiscopal, en cas de vacance du Siège, ne supplée pas le Pape ; ensuite et plus encore, les cardinaux ne confèrent pas la juridiction pour confesser ! (sur les pouvoirs des cardinaux en cas de Sede vacante, cf. le canon 241 et la constitution apostolique de Pie XII Vacantis Apostolicæ Sedis, nn. 1-5).
C’est au contraire l’ordinaire du lieu qui donne des sujets au confesseur, lequel a reçu le pouvoir des Clefs de Dieu par l’ordination sacerdotale ; et si, en plus du Pape, l’ordinaire du lieu venait aussi à manquer (cas loin d’être impossible) qui donnerait les pouvoirs au confesseur selon la doctrine étrange du “chanoine” et du “livournais” ? Nous écrivions sur Sodalitium n° 55, p. 52 :
Sans le Pape, l’Église – fondée sur Pierre (Matth. XVI, 18) – est véritablement acéphale (privée de chef visible), veuve de son pasteur (sans gouvernement), privée de magistère infaillible : il manque en acte mais non en puissance, l’Église hiérarchique telle que le Christ l’a instituée (c’est-à-dire monarchique et non épiscopalienne) ; l’existence de l’épiscopat subordonné ne change pas substantiellement les choses de ce point de vue : l’Église – je le rappelle à la TC – n’est pas collégiale mais monarchique, fondée sur le Primat de Pierre).
En quoi alors l’absence totale d’évêques résidentiels ou de cardinaux pourrait-elle compromettre l’existence de l’Église dans sa durée indéfectible ? Seulement en ce qu’elle pourrait rendre impossible l’élection du successeur au trône de Pierre. “Durant la vacance du siège primatial – poursuit Zapelena dans le passage précédemment cité – il demeure dans l’Église le droit et le devoir (en même temps que la promesse divine) d’élire quelqu’un qui succède de façon légitime au Pape défunt dans les droits de la primauté. Durant tout ce temps, la constitution ecclésiastique ne change pas en ce sens que le pouvoir suprême n’est pas dévolu au collège des évêques ou des cardinaux, mais la loi divine concernant l’élection du successeur demeure”. “Le pouvoir suprême n’est pas dévolu au collège des évêques ou des cardinaux” : un petit cours de rattrapage d’ecclésiologie s’impose à Velletri.

Appendice : un ésotériste à Suresnes

Par Suresnes, nous entendons le siège de la revue du district français de la Fraternité Saint-Pie X, Fideliter. Le numéro 282 (novembre-décembre 2024) présente un beau dossier sur le Sacré-Cœur qui finit en beauté avec un article de Louis Charbonneau-Lassay : Le Pélican, emblème du Sacré-Cæur (pp. 22 ss). L’article est tiré de la revue Regnabit, année 1925. Je me demande si à Fideliter on ignore que Regnabit fut infiltrée par René Guénon et par son disciple Charbonneau-Lassay pour véhiculer un symbolisme du Sacré-Cœur conforme en tout point aux doctrines ésotériques ? La question se pose inévitablement : Fideliter : ignorance ou complicité ?