Orientations pastorales : mariage et famille

(Extrait de Le Bon Conseil n°22 de avril 2015)

Orientations pastorales

« Pastoral » est désormais devenu, de manière abusive, un synonyme de laxisme et de permissivisme. Pour être « pastoral » il faudrait être un mauvais pasteur, qui laisse pleine liberté au troupeau, jusqu’à s’égarer et se faire dévorer par le loup. Une vraie et authentique pastorale, au contraire, ne manque pas de mettre en garde les âmes contre les dangers et les erreurs, spécialement en matière morale et dans les choses concrètes. Au fil des années, nous nous sommes aperçus que même des bons fidèles, qui en paroles et avec de bonnes intentions, désiraient être fidèles à la morale chrétienne, prennent petit à petit, presque par osmose, l’esprit du monde qui les entoure. Le monde n’a jamais eu l’esprit de Jésus-Christ, et vice-versa ; encore moins aujourd’hui. Nous profitons donc de cet espace que nous offre Le Bon Conseil pour donner précisément quelques bons conseils à nos lecteurs afin de conserver l’esprit du Christ, et non celui du monde.

MARIAGE ET FAMILLE

Nous allons vivre ensemble. Le nombre des mariages religieux diminue pour ne pas dire s’écroule. Ce n’est pas pour autant que le nombre des mariages dits civils augmente. Ceci parce que c’est l’idée même du mariage, base et fondement naturel de toute société humaine, qui est désormais combattue. Ainsi, de fait, on suit la mode du vivre ensemble. Nos jeunes, avant de se marier, ou sans projet de se marier, décident de « cohabiter ». Naturellement, avec la permission des parents, qui, bon gré mal gré, acceptent l’état de fait, procurent les moyens matériels nécessaires et accueillent les concubins dans la « famille ». Parents et enfants détruisent ainsi l’idée même de famille et de mariage ; les enfants qui naîtront (peut-être) de la cohabitation n’ont pas la sécurité d’avoir avec eux, pour toujours, leurs parents. On remarque comment le démon prend soin de ses propres intérêts : souvent les concubins, qui devraient se séparer, restent solidement ensemble ; tout juste mariés, ils se séparent ! Cela va de soi (ou devrait aller de soi…) que le confesseur ne peut donner l’absolution aux concubins, même s’ils ont le projet de se marier, s’ils ne se séparent pas avant.

Mariages… à la mairie. Le mariage dit « civil » est une invention de la Révolution : il vient du protestantisme, pour qui le mariage est une affaire seulement civile, et de la Révolution française, qui nie Dieu. Pourtant, nous voyons avec horreur des catholiques, même pratiquants, particulièrement en cas d’échec du précédent (et seul vrai) mariage, « se marier » exclusivement à la mairie – devant un maire ou un adjoint – sans se marier devant Dieu. Ce « mariage » civil est, pour le catholique baptisé, absolument invalide. Pas seulement : en pratique on viole, publiquement et officiellement, la loi de l’Église et – dans le cas de nouvelles noces après un divorce – la loi de Dieu. On reconnaît, ou plutôt, on se sert d’une « loi » voulue par la Franc-Maçonnerie, pour braver Dieu et l’Église. On nie, pour celui qui est déjà marié, l’indissolubilité du mariage. Ce qui est incroyable, c’est que désormais même les catholiques fervents se sont accoutumés au mal : ils assistent sans scrupule à ces cérémonies, fêtent les ‘époux’, sont témoins… Peut-être ont-ils peur d’offenser quelqu’un ? Il se peut. Mais personne ne pense à l’offense faite à Dieu ?

Séparations et divorces. Si on est catholique, on croit que le mariage est indissoluble (c’est entre autres une vérité naturelle, confirmée par le Christ). Nous ne parlons pas, naturellement, des modernistes, qui attendent le prochain Synode pour voir si la loi de Dieu changera. Mais même parmi nous, n’est-ce pas devenu une habitude de demander à l’État (l’État laïc, ennemi de Dieu et de l’Église) un jugement non seulement de séparation mais même un jugement de divorce de son propre conjoint ? On dira que ce jugement sert seulement aux effets civils, et que l’on a pas l’intention de contracter un nouveau (invalide) mariage. Soit. Mais si les effets civils légitimement demandés peuvent s’obtenir par d’autres moyens, comment ose-t-on recourir à une loi impie et antichrétienne, et scandaleuse, pour déclarer dissous ce que Dieu a uni ?

Le divorce « catholique ». Les plus progressistes ont proposé d’autoriser les catholiques à contracter un nouveau mariage, même s’ils sont déjà mariés. Les conservateurs ont dit non, il suffirait de rendre plus faciles les déclarations de nullité de mariage. Plus faciles ? Avec les nouveaux chefs de nullité prévus par le code wojtylien (la tristement célèbre immaturité psychologique) il n’y a presque plus de mariage qui ne soit pas déclaré nul en cas d’échec. Au moins, les plus progressistes ont la sincérité de dire les choses comme elles sont, et d’appeler divorce le divorce.

Famille et anarchie. La famille est une société, et comme toute société l’unité doit être garantie par l’autorité. Dans la famille, il devrait y avoir l’autorité de Dieu sur les hommes, du mari sur son épouse, des parents sur leurs enfants. Mais, comme dans la société, dans la famille, l’autorité est ou impuissante ou démissionnaire. Les parents ont peur d’imposer quoi que ce soit à leurs enfants. Les femmes – autrefois colonne et soutien de la famille – se considèrent souvent humiliées par leur rôle d’épouse et de mère. Qu’on relise la lettre aux Éphésiens, chapitres 5 et 6.

Paganisme d’hier et d’aujourd’hui. « Aussi Dieu les a livrés aux désirs de leurs cœurs, à l’impureté ; en sorte qu’ils ont déshonoré leurs propres corps en eux-mêmes ; eux qui ont transformé la vérité de Dieu en mensonge, adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni dans les siècles. Amen. C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions d’ignominie. Car leurs femmes ont changé l’usage naturel en l’usage contre nature. Et parallèlement les hommes, l’usage naturel de la femme abandonné, ont brûlé de désir l’un pour l’autre l’homme commettant l’infamie avec l’homme et recevant ainsi en eux-mêmes la récompense qui était due à leur égarement. Et comme ils n’ont pas montré qu’ils avaient la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à un sens réprouvé de sorte qu’ils ont fait les choses qui ne conviennent pas ; remplis de toute iniquité, malice, fornication, avarice, méchanceté ; pleins d’envie de meurtre, de l’esprit de contention, de fraude, de malignité ; délateurs, détracteurs, haïs de Dieu, violents, orgueilleux, arrogants, inventeurs de toutes sortes de mal, désobéissants à leurs parents ; insensés, dissolus, sans affection, sans fidélité, sans miséricorde, qui, ayant connu la justice de Dieu, n’ont pas compris que ceux qui font ces choses sont dignes de mort ; et non seulement ceux qui les font, mais quiconque aussi approuve ceux qui les font » (Épître aux Romains I, 24-32).

Le Baptême. L’Église commande que les parents catholiques fassent baptiser les enfants « quamprimum », dès que possible. Autrefois ils étaient baptisés le jour même de la naissance, ou le lendemain. Le néomodernisme, pour qui le baptême n’est pas nécessaire au salut, a habitué désormais à renvoyer le sacrement d’un mois, ou même de plusieurs mois. Beaucoup ne font même plus baptiser leurs enfants, sous prétexte qu’ils décideront quand ils seront grands (alors que les parents décident déjà pour lui de le priver de la vie de la grâce et de l’éducation chrétienne ! Mais ils n’attendent pas que ce soit à lui de décider de se nourrir, se soigner, et d’aller à l’école…). Malheureusement, même parmi nous, se répand la mauvaise habitude de renvoyer le baptême de quelques semaines, sinon d’un mois et parfois de plus encore. Certes, le prêtre n’est plus notre curé, résidant à proximité ; mais on peut et on doit pourvoir au sacrement « quamprimum », dès que possible.