Mariologie – Œuvres inédites de Mgr Guérard des Lauriers

Collection guérardienne n° 3
Conférences de Mgr Guérard des Lauriers

Marie anti-type de Satan
 suivi de 
En quel sens Marie est-elle « morte » ?

De fait, souvent, Marie et Satan apparaissent ensemble. L’Apocalypse parle du combat dont il est question dans la Genèse : la Femme s’enfuit avec l’Enfant. Dans la Genèse il est dit que la Femme écrasera la tête du serpent qui la mordra au talon. Ce combat d’une part montre Marie – non seulement Marie dans sa personne mais il met en relief un aspect de l’idéal chrétien – et d’autre part Satan. Ce combat durera jusqu’à la fin des temps. Étant donné que Marie est simple et demeure au sein même de Dieu, nous pouvons être à la fois « dans son talon » (nous serons mordus par ceux qui la mordent) et dans son cœur (ce qui signifie : sa maternelle douceur nous investit). Le combat durera jusqu’à la fin des temps, aussi on ne peut être ici-bas dans son cœur sans être en même temps dans son talon. Sur terre, c’est ainsi. L’expérience le montre. S’il n’y a pas les deux à la fois, faisons attention, mais s’il y a les deux à la fois, il y a une certaine sécurité. Certes, jamais on ne peut avoir une sécurité absolue ici-bas, mais la conjonction sur terre de deux choses qui, dans l’ordre humain, sont opposées ou même s’excluent mutuellement, cette conjonction dans l’ordre surnaturel montre bien qu’il s’agit d’un ordre transcendant. Alors, il est probable qu’on est authentiquement dans cet ordre si on réalise précisément une unité qui est inaccessible si l’on reste dans l’ordre naturel. Tel est donc notre point de départ pour mieux comprendre ce qu’il y a d’essentiel dans le mystère de Marie comme patronnant notre consécration à Dieu.

42 pages
Prix 7,50€

Cet opuscule est disponible sur notre site.

Préface de l’éditeur

Lorsque, le jeudi saint de l’an 1926, Michel-Louis Guérard des Lauriers (1898-1988) annonça à sa mère sa résolution d’entrer dans l’Ordre des Frères Prêcheurs, il le fit devant une image de celui dont il deviendra un fervent disciple : saint Thomas d’Aquin. Peu d’auteurs ont été capables d’assimiler la philosophie thomiste, de s’imprégner de son forma mentis, comme le fit le père Guérard. Étudier la philosophie thomiste pour en vivre demande un long labeur, parce que cela requiert l’acquisition, en tout et pour tout, d’une manière de juger conforme aux données de la foi, c’est-à-dire d’une manière qui soit théocentrique, qui met Dieu au centre, conformément à ce qu’est la réalité et donc conformément à la vérité.

Mgr Guérard des Lauriers est connu surtout pour sa résistance à la « nouvelle messe » telle qu’elle est motivée dans le Bref examen critique de 1969, pour sa position « non una cum » expliquée dans ladite Thèse de Cassiciacum publiée en 1979 et pour sa consécration épiscopale reçue en 1981 sans mandat romain.

Cela dit, au moment d’entrer dans cette série de combats pour la sauvegarde de l’Oblatio Munda, c’est-à-dire pour que l’offrande du Sacrifice du Christ soit perpétuée sur terre dans toute la pureté que requiert cet acte, le père Guérard était déjà prêt, grâce à sa formation solide, son esprit contemplatif et son amour de la Vérité. Au point de vue tant doctrinal que spirituel, il était armé pour tenir fermement son regard sur Dieu et sur le devoir de Le glorifier, à l’heure du concile Vatican II qui a malheureusement incité beaucoup de monde à chercher des solutions de façon essentiellement pragmatique.

La série d’opuscules que notre Centro Librario Sodalitium entend publier a pour intention, outre de rendre hommage à leur auteur, de faire mieux connaître aux catholiques un autre aspect de la figure de Mgr Guérard. Il s’agit d’opuscules tirés de petites conférences spirituelles que le père Guérard donnait occasionnellement dans les années 1940-1960, c’est-à-dire immédiatement avant et durant le concile Vatican II.

Ces petits textes sont instructifs à plusieurs points de vue. Le père Guérard y rend sa pensée plus facilement abordable, laissant de côté l’appareil logique dont il s’est servi pour la fournir et qui toujours habite clairement son esprit, afin de nous communiquer des idées pleines de sagesse et des conseils appropriés qui doivent nous encourager dans notre sanctification personnelle.

Nous publions ensemble ici deux conférences différentes. Chacune conserve le style parlé, qui en rend la lecture plus facile. De la première nous avons publié, dans notre revue Sodalitium (n° 67, pp. 28-48), un long commentaire tenu par M. l’abbé Francesco Ricossa au cours d’une conférence donnée à Milan en 2015. Le père Guérard y développe une formule chère à Saint Louis-Marie Grignion de Montfort : « Marie est toute relative à Dieu ». En outre, il nous explique l’amour de Dieu en prenant pour point de départ une référence psychologiquement mieux connue : l’amour humain. C’est un article très intéressant, tant pour les personnes consacrées qui ont l’exigence, à l’imitation de Marie, d’aimer Dieu sans partage, que pour les personnes qui vivent dans l’état du mariage et qui doivent surnaturaliser leur amour réciproque, avec toutes les exigences que requiert la sauvegarde de l’amour.

La deuxième conférence date vraisemblablement du début des années 1950. Son titre original est l’Assomption, mais son objet est plus vaste, en sorte qu’il aborde également l’Annonciation et la Compassion. Nous y retrouvons la formule de la totale relationalité de Marie à Dieu, en ce sens nous pouvons voir qu’elle complète la conférence précédente, en nous donnant des conseils d’ascèse chrétienne, envisagés sous un autre point de vue.

Puisse ce petit ouvrage faire grandir ses lecteurs. En premier lieu, dans l’adoration de Dieu, Cause première des réalités sublimes que le père Guérard a cherché à scruter pour en faire le sujet de ses prédications, conformément à sa vocation. En deuxième lieu, dans l’admiration et dans l’amour de Marie, notre Mère, à l’école d’un professeur de Mariologie à l’Université pontificale du Latran. En troisième lieu enfin, dans la sympathie pour tout ce qui regarde l’esprit thomiste, que l’Église a encouragé en de multiples occasions au cours des siècles.