Le dernier numéro de Sodalitium est paru en octobre 2025. Vous pouvez le trouver dans nos chapelles, nous le commander ou le télécharger en PDF.
Au sommaire :
- Éditorial – p. 2
- Communiqué de l’Institut Mater Boni Consilii – p. 5
- “À quel titre… ?” – p. 6
- La Voix de Rome (réponse à La Voix des Francs) – p. 28
- Un Livournais à Nantes – p. 35
- L’Osservatore Romano – p. 40
- L’apôtre que Jésus aimait : l’apôtre saint Jean – p. 60
- RECENSIONS
- Deux livres (sérieux) sur la théorie évolutionniste – p. 76
- Vie de l’Institut – p. 78
Rappel : Les numéros de notre revue Sodalitium sont disponibles sur notre site, depuis le numéro 38.
Éditorial
Ce numéro de Sodalitium était déjà en chantier, quand l’occupant du Siège Apostolique du moment (J. M. Bergoglio) fut hospitalisé à la Polyclinique Gemelli de Rome, gravement malade. Nous avons considéré alors qu’il était opportun d’attendre avant d’entreprendre ce nouveau numéro du bulletin, afin de pouvoir examiner la probable évolution imminente de la situation de l’autorité dans l’Église. La mort de “François” et l’élection de Robert Francis Prevost (“Léon XIV”) nous permettent désormais de présenter à nos lecteurs l’opinion de notre Institut. À ce propos, j’ai donné deux homélies (en italien) que l’on peut écouter sur notre chaîne : l’une à l’occasion de la mort de J. M. Bergoglio et avant le conclave, l’autre après l’élection de R. F. Prevost, commentant le Communiqué – écrit – de notre Institut que nous publions sur ce numéro. Ce communiqué exprime la position et les convictions de l’Institut Mater Boni Consilii et de sa revue Sodalitium.
Ledit communiqué s’intitule : “Rien ne change”, et ces mots expriment bien notre pensée. Au-delà des inévitables différences de caractères, formation et personnalité, le dénommé Léon XIV est en parfaite continuité avec ‘François’, comme celui-ci l’était avec tous ses prédécesseurs, à partir de Paul VI. D’ailleurs, c’était aussi le cas dans l’Église en état d’ordre : au-delà des différents Pontifes, certains saints, d’autres non, certains d’un plus grand mérite que d’autres, vaut toujours ce que dit en son temps Léon le Grand, avec ces paroles que Pie XII voulut qu’elles fussent récitées à l’office divin, au propre d’un Souverain Pontife : “Et tibi dabo claves regni cœlorum : et quodcumque ligaveris super terram erit ligatum et in cœlis : et quodcumque solveris super terram erit solutum et in cœlis. Manet ergo dispositio veritatis, et Beatus Petrus, in accepta fortitudine petræ perseverans, suscepta Ecclesiæ gubernacula non reliquit. In universa namque Ecclesia, Tu es Christus Filius Dei vivi, quotidie Petrus dicit ; et omnis lingua, quæ confitetur Dominum, magisterio hujus vocis imbuitur. Hæc fides diabolum vincit et captivorum ejus vincula dissolvit. Hæc erutos mundo, inserit cœlo et portæ inferi adversus eam prævalere non possunt. Tanta enim divinutus soliditate munita est, un eam neque hæretica umquam corrumpere pravitas, nec pagana potuerit superare perfidia”. [Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. Eh bien, elle demeure, cette disposition de la Vérité et saint Pierre qui garde cette solidité de la pierre qu’il a reçue n’a pas abandonné le gouvernail de l’Église qui lui a été confié. Car, dans l’Église universelle, Pierre dit chaque jour : «Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant», et toute langue qui confesse le Seigneur est chargée de toute l’autorité de cette parole. Telle est la foi qui vainc le diable et délie les chaînes de ses captifs. C’est elle qui introduit dans le ciel ceux qu’elle arrache au monde et les puissances du mal ne peuvent l’emporter sur elle. Elle est divinement fortifiée par une telle solidité, si bien que ni la perversité hérétique ne peut la corrompre, ni l’incrédulité païenne la terrasser].
Au-delà de la personne de chaque véritable Successeur de Pierre, le fidèle écoute la voix de l’Apôtre qui est la même que celle du Christ “cujus etiam dignitas in indigno herede non deficit” [dont la dignité ne disparaît pas lorsqu’elle tombe aux mains d’un indigne successeur].
De nombreux fidèles – y compris dans la vaste sphère soi-disant ‘traditionaliste’ – ont écrit sur le nouvel élu en se fondant sur les vêtements, sur sa douceur ou sa dévotion… mais peu se demandent : adhère-t-il aux nouvelles doctrines de Vatican II et aux réformes qui en ont découlé, ou non ? La réponse est évidente, et le même occupant a pris soin de la donner publiquement : manifestement, oui. Et dans ce cas, l’autre interrogation qui pour un catholique fidèle à la Tradition, à la Foi révélée et au Magistère de l’Église devrait avoir été résolue depuis longtemps (et de manière évidente, elle ne l’est pas pour tous) est celle-ci : l’enseignement de Vatican II (sur l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, la collégialité, l’appartenance des non catholiques à l’Église, la liberté religieuse, l’adaptation au monde contemporain et les réformes) est-il en conformité ou en contradiction avec la Foi, la Tradition, le Magistère de l’Église ? Et puisqu’il N’Y A PAS continuité, mais opposition et même contradiction, celui qui, occupant le Siège Apostolique, adhère à la “perversité hérétique” ou la favorise de manière programmatique, ne serait-ce que sur un seul article de Foi, ne peut être successeur de Pierre et Vicaire du Christ. L’impression que j’ai eue est au contraire que pour beaucoup de baptisés qui se disent ou se croient fidèles à la Tradition, Vatican II avec toutes ses réformes (in primis la réforme liturgique pour finir avec celle, en devenir, de la Papauté elle-même) a été désormais ingurgité et amplement digéré ; humainement, après tant d’années, la chose est compréhensible ; mais aux yeux de la Foi, elle ne l’est pas.
C’est pourquoi, avec une profonde tristesse, nous disons et répétons : rien ne change. Et si rien ne change DANS LA RÉALITÉ (et non dans le ‘Pape’ comme bon nombre veulent l’imaginer, comme si après le cauchemar de la parenthèse bergoglienne tout était rentré dans l’ordre), ne doit pas non plus changer la thèse théologique qui décrit le mieux cette réalité à la lumière de la Foi : la thèse dite de Cassiciacum (élaborée par le père M. L. Guérard des Lauriers o.p.) qui reconnaît dans l’élu du conclave un ‘pape’ materialiter (dans la mesure où juridiquement l’Église n’a pas jusqu’à présent déclaré nulle cette élection) mais non un Pape formaliter, en qui, chaque jour, nous pouvons reconnaître la voix de Pierre et l’autorité infaillible du Christ. À la lumière de cet éclairage théologique, nous naviguons en sécurité entre les écueils d’un “sédévacantisme conclaviste”, qui n’est pas le nôtre, et d’un “lefebvrisme” qui reconnaît et résiste à la “légitime autorité”. Nous ne pouvons encore moins nous reconnaître dans ceux qui s’auto-illusionnent et qui acclament le successeur de Bergoglio ; nous avons suffisamment d’années pour nous souvenir d’un phénomène analogue (bien que différent) : à la mort de Paul VI, presque tous les “traditionalistes” (même à Écône) crurent que la fin d’un cauchemar était arrivée, et acclamèrent Jean-Paul II malgré les erreurs/horreurs de sa première encyclique Redemptor hominis ; il a fallu le sacrilège d’Assise pour faire ouvrir, de manière partielle, les yeux à certains…
Notre amer commentaire n’est cependant pas désespéré ; si nous ne plaçons aucune espérance chez les modernistes (qu’ils soient de pointe ou conservateurs) nous n’avons toutefois pas perdu l’espérance dans les promesses du Christ (à qui appartient l’Église) et dans la maternelle intercession de Marie, Mère du Bon Conseil.