Consacrer des Évêques ?

(Extrait de Sodalitium n°16 – avril 1988)

Mgr Guérard des Lauriers o.p.

1. Quelle consécration ?

[Non wojtylienne, assurément. Ça ira encore mieux en le disant].

Le bruit, ces temps-ci, a couru une fois de plus : “Mgr Lefebvre va consacrer des Évêques”. Il “va”, il se “dispose à”. Ce même propos, Mgr L. [qu’on veuille bien lire : Lefebvre] m’en a entretenu à Écône en 1976. Je lui ai alors exprimé ma très chaude et respectueuse approbation. Au cours de cette décennie, le même bruit, fréquemment, a sourdement grondé avant de retentir comme un cri. L’“opinion” trans-secouée, brandit la certitude dont elle se gonfle : “C’est imminent. Il va consacrer des Évêques !” Et puis … rien. Et l’“opinion” quête une autre tempête. Le bruit : “Sacre par Mgr L.” n’était qu’une fausse alerte [pour user les courages, mais dont Dieu Se sert pour forger Ses amis]. La baudruche se dégonfle. Calme plat [au moins sur ce point !]. Quelques mois passent. Et tout recommence. Cela, combien de fois depuis dix ans ! Ça ne fait donc qu’une de plus !

Il y a cependant pour cette fois-ci, ceci. Deux des quatre “épiscopables” [par Mgr L.], ont demandé par téléphone à deux de leurs anciens condisciples, évincés d’Écône [eu égard à W. (= Mgr Wojtyla)], et réputés pour leur savoir en matière doctrinale : ils ont donc demandé … “quelles sont les raisons pour lesquelles il serait légitime, voire même actuellement nécessaire, de consacrer des Évêques ?” À cette question, j’ai répondu dans une précédente “Déclaration”. Le contenu de celle-ci s’avère donc être de circonstance, eu égard au “bruit” qui, cette fois-ci, paraît avoir quelque fondement. Cependant, avant de reproduire [ci-dessous], l’essentiel de cette “Déclaration”, j’estime aussi prudent qu’honnête, de prévenir toute équivoque.

C’est qu’en effet Mgr L., suspens a divinis, continue cependant d’ordonner des prêtres (1), de confirmer, voire même de “donner” à certains de ces prêtres le pouvoir de confirmer (2). Comment donc peut-il se faire que Mgr L., désobéissant en matière gravissime à celui [W.] dont Mgr L. affirme avec pertinacité qu’il [W.] est l’Autorité [“mauvais Pape, mais Pape”], comment peut-il se faire que Mgr L. ne soit pas excommunié ? La réponse à cette question, dans la Lumière de la très sainte Foi, est évidente. Si W. n’applique pas les lois de l’Église, comme il se devrait même à Mgr L., la raison en est que lui-même s’en avoue non capable. La raison véritable est que W. n’est pas l’Autorité. Il singe de l’être, dans la mesure où cela sert tout autre chose que le bien de l’Église, et même sert la perte de l’Église.

Mais ce qui est évident dans la Lumière de la très sainte Foi, demeure densément obscur au point de vue de Mgr L. et de W. Ils sont d’accord pour affirmer, pour proclamer, non seulement en paroles mais en actes : “W. est l’Autorité”. Alors comment peut-il se faire que, sans protester, “ladite Autorité” laisse un Évêque suspens a divinis non seulement user de ses pouvoirs, mais encore les extrapoler ? Qu’une telle conjoncture, périodiquement répétée, se mue en un état communément admis, cela induit inéluctablement à considérer comme étant très positivement possible l’hypothèse d’un pacte ultra-secret.

Ce pacte, voici quel il serait, énoncé par W. s’adressant à Mgr L. : “Continuez à ordonner et à confirmer, comme vous l’entendez. Vous ne serez aucunement inquiétés. À une seule condition cependant, celle d’affirmer et de proclamer que je suis l’Autorité”. Le plus grand “service” que l’on puisse rendre à W., dans sa lumière à lui qui est celle de Satan, c’est de l’accréditer comme étant l’Autorité. C’est ce “service”, ordonné objectivement, [et, de par Dieu, dérisoirement] à la destruction de l’Église, que Mgr Lefebvre accomplit, et impose à ceux qui le suivent d’accomplir, inconsciemment je l’espère, mais enfin opiniâtrement. Comment dans ces conditions, ne pas subodorer l’insidieux piège de Satan : “Cela, une part universelle dans mon église wojtylienne, cela, à toi Marcel Lefebvre, je donnerai tout, si tombant à [mes pieds] tu te prosternes devant moi W.” (cf. Matth. IV, 9). Je ne dis pas qu’un tel pacte existe. Je dis qu’on est fondé à le redouter. Car, tout en disant EN PAROLES : “Il n’y a rien à attendre de Rome”, Mgr L. continue d’aller à Rome, c’est-à-dire, EN ACTE, de reconnaître W. comme étant l’Autorité. Qu’il en ait conscience ou non, nous le répétons, Mgr L. rend, encore maintenant et toujours, à W. le “service” [excellent service !] que celui-ci attend de lui.

Cela étant, un nuage menaçant plane sur lesdites consécrations épiscopales. Supposé qu’elles se fassent, ne sont-elles pas vouées à être le prolongement inexorablement logique des ordinations sacerdotales ? Il suffira, le pacte devenant ultra ultra (3) secret, de l’étendre à une clause nouvelle qui sera le venin de la mort lente savamment injecté dans toute l’œuvre de Mgr L., et pour autant dans la phalange traditionnelle : “Vous pouvez non seulement ordonner, confirmer, déléguer : vous pouvez même consacrer des Évêques. Vous ne serez aucunement inquiétés. À une seule condition, savoir : les Évêques par vous [Mgr L.] consacrés, reconnaîtront et proclameront, comme vous le faites si bien vous-même, que moi W., je suis l’Autorité”.

Il conviendra donc, si lesdites consécrations ont lieu, de ne pas se réjouir prématurément. Il faudra examiner si la question du “mandat romain”, normalement requis pour toute consécration épiscopale, a été clairement posée, et résolue, soit par OUI [et alors, quod Deus avertat, Mgr L. ne serait plus qu’un vassal de W., dont il partagerait pleinement le schisme capital], soit par NON [et alors, Mgr L. étant, ipso facto et même selon le nouveau “droit canon”, excommunié “latæ sententiæ”, il devrait être déclaré excommunié (comme je l’ai été moi-même ainsi que Mgr THUC), par Mgr Ratzinger agissant au nom de l’“Autorité”].

On ne pourra donc se réjouir à bon escient des Consécrations accomplies par Mgr L., que lorsque la sentence déclaratoire de l’excommunication par lui encourue, aura été par “rome” promulguée. C’est cette hypothèse-là que je suppose réalisée. J’ai cru devoir le préciser. Car il ne conviendrait pas que des raisons, d’ordre doctrinal, fussent, ne serait-ce qu’indirectement, alléguées, en vue de paraître justifier des comportements qui ne seraient conformes ni à la vérité ni à la loyauté. Des Consécrations épiscopales qui seraient accomplies selon le rite traditionnel, mais ultra ultra (3) secrètement, “una cum W.” (4), de telles Consécrations seraient valides ; mais, étrangères à la saine doctrine, chargées de sacrilège puisqu’injurieuses pour le Témoignage de la très sainte Foi, elles ne s’expliqueraient que par l’astuce de Satan. La situation ecclésiale des éventuelles Consécrations épiscopales étant ainsi précisée, nous allons brièvement récapituler les considérants par lesquelles elles sont en fait impérées.

2. L’Épiscopat dans l’Église (militante) en ordre

L’Épiscopat, uni au Pape, manifeste, assure et perpétue l’unité que l’Église tient de son fondateur. On ne peut donc situer l’Épiscopat avec exactitude qu’en le référant à l’économie de l’Église. Qu’est-ce que l’Église ? demandera-t-on. Nous renvoyons à notre article : “l’Église militante au temps de Mgr Wojtyla” (5).

a) L’économie de l’Église en ordre

L’Église, c’est Jésus-Christ communiqué. Cette communication comporte deux aspects organiquement liés, dont la phénoménologie est divinement révélée. D’une part, la MISSIO : “Allez, enseignez, baptisez, éduquez …” (Matth. XXVIII, 18-20). Voilà, dans l’Église militante, “jusqu’à la fin du siècle”, la catéchèse, les sacrements, le gouvernement (des âmes). D’autre part, la SESSIO : “Vous qui m’avez suivi, vous serez assis, vous aussi, sur douze trônes, jugeant …” (Matth. XIX, 28). Voilà instaurée, même dans l’Église militante, la hiérarchie qui manifeste et réalise la catholicité.

La distinction et l’unité entre Missio et Sessio sont tellement inhérentes à l’Église, qu’elles sont homologuées par le Droit Canon, tant dans l’universel qu’en particulier.

“D’institution divine, la hiérarchie sacrée comporte, eu égard à l’ordre [ratione ordinis] : Évêques, prêtres, ministres ; eu égard à la juridiction [ratione juridisdictionis] : le pontificat suprême et l’épiscopat subordonné …” (canon 108.3). Ainsi, la hiérarchie sacrée, une et unique, comporte cependant DEUX rationes : la ratio ordinis ressortit à la Missio, la ratio jurisdictionis à la Sessio.

Si maintenant on considère la hiérarchie en chaque degré particulier, par exemple la charge pastorale commise à un Curé, on y observe, tout comme dans la hiérarchie universellement envisagée, la même dualité d’aspects, et entre ces aspects la même unité. Ce Curé reçoit du Christ, de par l’Évêque qui l’“installe” Curé de telle paroisse : munus et officium (canons 147, 150, 151). Par l’OFFICIUM, qui a raison de relation, ce Curé est référé, dans le Christ, au troupeau dont il est ainsi constitué [uniment avec (una cum) le Christ, avec le Pape, avec l’Évêque] le pasteur, ratione ordinis ; par l’officium, ce Curé participe, dans l’Église, à la Missio qui est partie intégrante de l’Église. Par le MUNUS, qui a raison de qualité inhérente à la personne, ce Curé reçoit uniment [simultanément selon une unité d’ordre] du Christ, du Pape, de l’Évêque, d’être intégré dans la hiérarchie ecclésiale, ratione juridisdictionis ; par le munus, ce Curé participe, dans l’Église à la Sessio qui est partie intégrante de l’Église.

L’officium est fondé et mesuré par le munus, comme la relation l’est par son fondement.

Mais cette même analogie [de la relation] montre que le munus et l’officium sont réellement distincts ; tellement qu’ils peuvent être, accidentellement, disjoints. Si par exemple ce Curé contracte un “mariage civil”, son “officium devient ipso facto et sans aucune déclaration vacant, par renonciation tacite” (canon 188.4). C’est-à-dire que, sans aucune procédure canonique, les paroissiens doivent tenir que ce prêtre, “civilement marié”, n’est plus leur Curé. Il a annihilé, pour lui, l’officium dont il était investi. Mais il possède encore “illégitimement” le munus [et pour autant l’officium (canon 151)], jusqu’à ce qu’un procès canonique, dans lequel l’Église juge au nom du Christ, le lui ait retiré. Le munus est donc bien réellement distinct de l’officium, puisqu’il peut, accidentellement, en être séparé.

La SESSIO et la MISSIO, réellement distinctes et organiquement liées, ont été d’abord promises (Matth. XVI, 18-19), puis conférées (Jn XXI, 15-19) à Pierre seul. Mais TOUT ce qui concerne la MISSIO a été conféré également aux Douze ou Dix autres Apôtres, en même temps qu’à Pierre, et en stricte parité avec Pierre : Eucharistie (Marc XIV, 22-24) ; pouvoir d’absoudre (Matth. XVIII, 18 ; Jn XX, 22-23). Et la solennelle promesse : “Voici que je suis avec vous en tout temps jusqu’à la consommation du Siècle” (Matth. XXVIII, 20), concerne expressément la MISSIO intimée aux Onze à égalité. Tandis que, l’histoire le prouve, le premier Pape ne jouit pas de l’exclusive, quant au privilège de l’indulgente fermeté : “Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères” (Luc XXII, 32). La MISSIO est, certes, entée et mesurée dans la SESSIO ; mais, dans l’Église militante où “tout est au service du salus animarum (Pie XII, 3 juin 1956), la SESSIO est pour la MISSIO ; la SESSIO, et elle seule, parachève en catholicité l’unité qui, inchoativement, mais en propre, appartient déjà à la MISSIO. Voilà pour l’“Église [militante] en ordre”.

b) L’Épiscopat et la communication qui en est faite dans l’Église en ordre

ba – La hiérarchie de l’Église militante comporte, nous venons de le rappeler [a], deux “rationes”, c’est-à-dire deux principes d’ordination, entre eux irréductibles, dont la délicate interférence est à la fois un défi à la raison humaine (6) et le sceau de la divine Sagesse. Or, c’est à l’épiscopat qu’il revient de résoudre cette interférence en unité, de faire que LA hiérarchie de l’Église soit une et partout unique : et qu’elle ne se scinde pas en deux hiérarchies juxtaposées.

C’est qu’en effet, l’Épiscopat est, uniment, premier ratione ordinis (7) et subordonné ratione jurisdictionis (7). En sorte que, d’une part, l’Épiscopat rend participants de la subordination ratione jurisdictionis, respectivement chacun des degrés dont il est le premier ratione ordinis ; et ainsi, de par l’Épiscopat, toute l’Église se trouve hiérarchisée, uniment selon les deux rationes.

Et, d’autre part, en la personne de souverain Pontife, les deux rationes sont co-ordonnées : c’est-à-dire l’une à l’autre ordonnées, très exactement comme le sont la Missio et la Sessio.

bb – Précisons ce en quoi consiste cette co-ordination, soit entre les deux rationes, soit entre la Missio et la Sessio.

La Mission est, nous l’avons rappelé, quant à sa structure même, divinement fondée (Matth. XXVIII, 18-20) ; et c’est pourquoi : “l’Évêque est établi sur le troupeau par l’Esprit-Saint” (8) ; par l’Esprit-Saint, ET NON par l’Évêque de Rome. En cela se manifeste, intrinsèquement à l’Épiscopat considéré sub ratione ordinis l’absoluité de la Missio. La Missio, comme telle, peut se perpétuer à elle seule, par l’Épiscopat ; et le charisme qui est propre au Pape n’est aucunement un nouveau degré qui, ratione ordinis, constituerait le Vicaire de Jésus-Christ au-dessus de l’Épiscopat.

Par contre, s’agit-il d’assigner quelles sont les limites du Diocèse de Lyon, et qui doit en être l’Évêque ? C’est évidemment le Christ Chef de l’Église qui détermine l’un et l’autre. Mais Il a divinement institué qu’Il le ferait par et dans la médiation du Pape, Son Vicaire sur terre. L’Évêque de Lyon est celui qu’au nom du Christ le Pape choisit pour administrer avec lui le diocèse de Lyon. Le Pape a donc, dans ce diocèse [comme en tant d’autres] le primat de juridiction, primat auquel participe (9) d’ailleurs l’Évêque de Lyon : en sorte que celui-ci n’a de juridiction que dans cette participation. Aucun Évêque n’a de diocèse et de juridiction qu’en étant actuellement subordonné à l’Évêque de Rome. En cela se manifeste, ratione jurisdictionis, en la personne du Pape qui occupe la Prima Sedes, l’absoluité de la Sessio. La Sessio ne peut pas être sans la Missio ; car la raison d’être de la Sessio est d’assurer au mieux la réalisation de la Missio. Mais la Sessio ne peut aucunement procéder de la Missio ; elle ne peut procéder que de son principe propre, savoir la Prima Sedes.

bc – En résumé, d’une part, l’Évêque est établi sur le troupeau par le Saint-Esprit ET NON par l’Évêque de Rome : et, ainsi, l’Épiscopat manifeste absoluité de la Missio. D’autre part, l’Évêque n’a de juridiction QUE de par l’Évêque de Rome, par participation à celle de l’Évêque de Rome [et non formellement de par le Sacre] : et, ainsi, l’Épiscopat manifeste absoluité de la Sessio. Enfin, l’Évêque, uniment au Pape, use de la juridiction en vue d’assurer au mieux la réalisation de la Missio ; et l’évêque, à la faveur de la Missio diffuse, dans le troupeau sur lequel il est établi par le Saint-Esprit, la subordination qu’impère la Sessio : et, ainsi, l’Épiscopat réalise et manifeste concrètement l’unité entre la Missio et la Sessio : et, concomitamment, l’unité entre la ratio ordinis et la ratio jurisdictionis qui les spécifient respectivement (10).

3. L’Épiscopat, dans l’Église militante en état de privation

La liaison, organique on vient de la voir [2], entre l’Église et l’Épiscopat, laisse évidemment prévoir que si la première est en état de privation, il en est inéluctablement de même du second. C’est donc cela qu’il faut examiner, en vue de répondre à la question posée. Et, derechef, c’est bien sûr par l’Église qu’il faut commencer (5).

a. Le vestige de l’économie divinement instituée, dans l’Église militante actuellement “occupée” (11)

aa. – L’Église militante est actuellement “occupée”, et mise en état de privation. W [= Mgr K. Wojtyla], régulièrement élu [je l’admets jusqu’à preuve certaine du contraire], par un conclave qui comportait une dizaine d’authentiques cardinaux [lesquels n’ont pas protesté], W donc occupe le siège de Rome ; il est pape “materialiter”. [À ceux qui déclarent le Siège vacant, je fais observer que l’Église étant une société sagement constituée, les personnes physiques ou morales habilitées à déclarer la vacance de l’autorité sont ipso facto juridiquement aptes à réaliser la “provisio” de l’autorité. Que ceux, donc, qui affirment : “Le Siège est vacant” et qui prétendent imposer aux autres sous peine d’anathème de l’affirmer, que ceux-là convoquent “un” conclave ; on achèvera alors de les prendre au sérieux].

W, entre autres forfaitures, profère habituellement l’hérésie. Il est manifeste que, continûment, W nuit au “bien commun” que l’autorité comme telle doit promouvoir dans le collectif humain : “Église militante”. DONC, EN VERTU DU DROIT NATUREL, W est métaphysiquement et juridiquement non capable d’exercer l’autorité. EN VERTU DU DROIT NATUREL (12), dont la métaphysique est créée par DIEU LUI-MÊME, W n’a pas, en acte, l’Autorité ; il n’est pas, il ne peut pas être Pape “formaliter”. Il n’y a pas à lui désobéir : car ses pseudo-ordinations sont nulles.

[Le canon 118, encore moins les lois pénales, étant lois ecclésiastiques, ne s’appliquent pas au Pape, attendu qu’elles tiennent de lui leur force exécutoire. Mais on peut dire, en se référant au canon 118, que W est, par son propre comportement, “ipso facto, sine ulla declaratione”, privé d’“officium” ; il est privé de l’officium qui incombe normalement à l’Évêque de Rome, bien qu’il possède encore “illégitimement” le munus].

La Sessio est donc ébranlée au sommet ; et l’ébranlement se propage, de la clé de voûte, dans tout l’édifice. J’ai conservé des lettres, écrites par Mgr Lefebvre en 1976, dans lesquelles il reconnaît, en termes équivalents, ces mêmes choses.

ab. – Les trois positions que nous combattons ont en commun de ne pas prendre en compte [ou de refuser] la distinction réelle entre matière et forme dans un tout accidentel, ici le pontificat suprême, et ignorent complètement le caractère analogique de la distinction : “materialiter-formaliter”.

Certains vont jusqu’à prétendre qu’il n’y a jamais de matière sans forme, confondant le tout substantiel avec le tout accidentel et la matière première avec la matière seconde.

Cette méconnaissance métaphysique entraîne les “conciliaires” à négliger les faits au point de considérer la mission comme remplie, d’autres à s’imaginer avoir le droit de faire un pape, et Mgr Lefebvre à tenter de concilier les inconciliables.

Cela étant, voici très schématiquement comment se situent les principales options.

La première “option” est celle de Monseigneur Lefebvre 1983. Elle consiste, au moins en fait : d’une part, à affirmer que la Sessio est intacte [W. est “Pape” absolument, véritablement ; “mauvais pape”, mais “pape”] ; d’autre part, à reconnaître que sur des points essentiels qui relèvent expressément du Pape comme tel, voire de l’infaillibilité, la “Missio” telle qu’elle est impérée par l’“Église officielle” est si gravement viciée qu’il faut ne s’y pas conformer [Mgr Lefebvre tient encore sur “la Messe”]. Cette position enclôt, inconsciemment on veut l’espérer, un blasphème contre l’unité et contre la sainteté de l’Église. L’Église est uniment : Missio et Sessio, organiquement liées. Il est impossible que, d’une authentique Sessio procède habituellement une “missio” radicalement infestée. La même erreur revêt, dans la praxis des prieurés, une autre forme. Silence absolu sur la question du Pape, anathème quiconque oserait soulever cette question dans la chapelle d’un Prieuré Saint-Pie X ! Or la fidélité “verbale” à un mannequin de pape, ne confère nullement la catholicité à une entreprise dont le farouche exclusivisme manifeste à l’évidence qu’elle est une secte manipulée et utilisée par le père du mensonge.

Les autres options ont du moins le mérite d’éviter l’incohérence, inconsciente sans doute mais objectivement blasphématoire, du lefebvrisme. Elles tiennent, en commun, qu’à une Sessio authentique doit correspondre une Missio bonne et même sainte. Les conciliaristes [Vatican II] acclament W, et chantent la nouvelle Pentecôte. Ils déchanteront. Les fidèles réellement attachés à la Tradition, en qui l’instinct de la très sainte Foi murmure contre la nouvelle “missio”, comme la syndérèse “murmure contre le mal” [“murmurat malo”], ces fidèles-là rejettent la “W-sessio” ! Il y a de nombreuses et subtiles modalités. Chacun sait, au moins en France, qu’on ne doit pas confondre les radicaux-socialistes avec les socialistes-radicaux !

ac. – Il convient donc de simplifier, et de retenir, comme étant dans l’Église militante occupée, le vestige de l’économie divinement instituée, ce qui, de cette économie, transcende manifestement la nature de tout collectif humain, à savoir la miraculeuse unité.

L’unité peut comporter distinction ; elle est alors simplicité. Prenons-en à témoin la très sainte et très ineffable TRINITÉ ! Mais il est absolument incompatible avec la nature même de l’unité, que plusieurs composantes devant en droit l’intégrer, soutiennent entre elles l’opposition de contrariété. L’unité de l’Église comporte Missio et Sessio : OUI. Mais qu’une authentique Sessio puisse sustenter une “missio” viciée : NON. Telle est la primordiale vérité qui demeure immanente à l’Église même occupée. Telle est, pour ainsi dire, la CHARTE FONDAMENTALE de l’Église militante en état de privation. Refuser cette charte, c’est se mettre hors de l’Église, si du moins on mesure un tel refus quant à sa portée.

On peut le confirmer en présentant le même argument au point de vue de la finalité. D’institution divine, dans l’Église, la Sessio est POUR la Missio. S’il s’avère que la “missio” impérée par telle “sessio” est viciée et irrecevable, parce qu’incompatible avec l’instinct de la Foi, il faut sauver la véritable MISSIO : il faut sauver l’OBLATIO MUNDA ; et il faut, en conséquence, considérer la pseudo-“sessio” comme étant non consistante. Il y a préséance de la fin sur tout moyen ; il faut supprimer tel moyen qui, en fait, dessert la fin, en vue de pouvoir poursuivre autant qu’il se peut, la réalisation de cette même fin.

Accomplir la Missio, instituée par le Christ comme étant l’instrument immédiat du “salus animarum”, faire que subsiste cette Missio qui, EX SE, est la vivante pierre d’attente de la Sessio, et partant de l’unité parfaitement recouvrée : telle est la forme que prend, dans l’ordre pratique, la charte de l’Église militante en état de privation.

b. L’Épiscopat et la communication qui peut [ou doit] en être faite, dans l’Église en état de privation.

L’Épiscopat est, nous l’avons vu [2b], dans l’Église militante [en ordre], l’organe concret de l’unité vivante entre la Missio et la Sessio. Et comme, la vie doit, par nature, se perpétuer, l’Épiscopat assure la perpétuation de l’Église et celle du Sacerdoce. L’Épiscopat est la “plénitude du Sacerdoce” ; il est, pour ainsi dire, le Sacerdoce à l’état adulte : en ce sens que l’adulte et lui seul communique la nature qu’il possède cependant originellement. C’est surtout par cette incidence que l’Épiscopat fait question dans l’Église en état de privation. On retrouvera cette même question en son exacte situation, en cherchant à préciser qu’elles ont, dans l’Église en état de privation, les exigences du rôle qui appartient par nature à l’Épiscopat [dans l’Église en ordre]. Mais ces exigences doivent être considérées distinctement, eu égard à la Missio, et eu égard à la Sessio, attendu que ces deux choses, au lieu d’être “un” comme il se doit, sont, dans l’Église “occupée”, disloquées.

ba. – L’Épiscopat et la Sessio, soit dans l’Église en état de privation, soit dans l’actuelle “église officielle”.

a. On ne peut caractériser l’erreur que par référence à la vérité. L’ébranlement de la Sessio, provenant d’une errance commise par l’occupant du Siège apostolique est, dans l’Église militante comme telle, un mal toujours possible qui parfois s’est produit. Comment, dans l’Église en ordre, ce mal est-il non seulement écarté mais stérilisé dès l’origine ?

Rappelons ce qui d’ailleurs est fort connu. Les Évêques, qui participent à la Sessio de la “prima Sedes”, et qui exercent la Missio en vertu du Saint-Esprit (Act. XX, 28), DOIVENT, en vertu même du Saint-Esprit, conformément à l’exigence de la très sainte Foi, discerner l’errance du pape, et lui en faire respectueusement remontrance. Si le pape désavoue l’erreur qu’il a commise, la Sessio est en lui confirmée. Si le pape persiste dans l’erreur, il se déclare lui-même hérétique ; il déclare donc ipso facto être non capable d’occuper le siège apostolique.

Le Siège est donc vacant. Et il revient aux susdits Évêques, non du tout de “destituer le pape”, mais de déclarer le Siège vacant et de réunir le conclave qui doit en assurer la provision.

Ce processus ne peut être réalité, que s’il existe, dans l’Église [puisque l’Église ne peut se réformer que du dedans], des Évêques remplissant la double condition propre à l’état épiscopal, savoir : 1) participer à la Sessio, c’est-à-dire être Évêque résidentiel [fût-ce “in partibus infidelium”] ; 2) exercer la Missio dans le Saint-Esprit, et donc conformément à la Doctrina Fidei.

b. Or, existe-t-il, actuellement [février 1986], soit dans l’Église occupée, soit même virtuellement dans l’“église wojtylienne”, un évêque [un seul !] satisfaisant aux dites conditions ?

1) Concernant l’“église wojtylienne”, M. l’abbé de Nantes (13), le R. P. de Blignières, la revue “Forts dans la Foi”, (et d’autres), se sont efforcés d’éclairer des “évêques” wojtyliens, les induisant ainsi à poser l’acte de remontrance à W. qui eût inauguré le processus qu’on vient de décrire, et par suite le rétablissement de l’ordre (14). Mais en dépit des “ordres du jour”, périodiquement triomphalistes publiés par la revue “Forts dans la Foi”, le Synode a achevé d’éclairer tous ceux qui ne confondent pas leur désir avec la réalité. J’avais, je l’avoue, espéré que ce rassemblement couverait une scission au sein même de l’“église officielle”, il n’en est rien. Les synodaux ont tout “avalé” : tout W. ; et même le Cardinal Siri (lui !), apparemment au moins, s’est délecté. En sorte que le processus décrit, le seul possible au point de vue canonique pour rétablir la Sessio, paraît être pour le moment une voie qui se perd dans le désert, puisque les seules personnes qui pourraient la suivre, aveuglées, s’obstinent à la déserter.

2) Quant à nos chers Évêques “fidèles”, NN.SS THUC [décédé le 13 décembre 1984], LEFEBVRE, DE CASTRO MAYER…, unanimement (!), ils ont “démissionné” ; sur quoi il y aurait beaucoup à dire, si l’on s’attardait à pleurer ou à se divertir. Mais le fait est là, brutal, inéluctable. Ils ont, en démissionnant, reconnu comme étant l’Autorité un Montini ou un W. hypothéqués d’un schisme capital ; las ou bernés, ils ont perdu toute Autorité, ils ne participent pas davantage à la Sessio que GUÉRARD DES LAURIERS et autres.

Comment d’ailleurs Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer pourraient-ils avoir dans l’Église, une Sessio les habilitant à agir ecclésialement, attendu qu’ils refusent jusqu’à maintenant de reconnaître en droit la charte fondamentale de l’Église [ cf. ac] (15), et qu’ils exercent en fait une Missio très gravement altérée puisqu’elle enclôt dans la pratique la prétérition d’un article de Foi.

3) Enfin, subsistent également dans l’Église les Évêques de la lignée THUC. Ils exercent l’authentique Missio, normée par l’intégralité de la doctrine. Cependant certains d’entre eux ont exigé que prêtres et fidèles reconnussent la juridiction qu’ils s’étaient arrogée. Cette tendance risque très fort de favoriser une nouvelle aventure Grégoire XVI. Il est dommage que Mgr Thuc se soit laissé, passagèrement, circonvenir sur ce point, alors qu’il a fort lucidement rompu avec le Palmar, à partir du 6 août 1978, date à laquelle Clemente s’est cru pape. Mgr Thuc, ensuite, s’est ressaisi. Il importe donc, de par la fidélité due à sa mémoire autant qu’à la vérité, de rappeler que les Évêques de la lignée THUC n’ont aucune juridiction ordinaire. Ils ne participent pas à la Sessio de la prima Sedes. Ils appartiennent bien à l’Église en état de privation ; mais ils ne peuvent contribuer à y rétablir la Sessio dont il y a privation.

c. Ce rapide bilan manifeste, phénoménologiquement, quel rapport soutiennent avec l’authentique Sessio [actuellement en état de privation], l’ensemble des évêques existant actuellement sur terre.

Ce rapport peut et doit, comme tout autre, être envisagé selon chacun des deux extrêmes : d’une part, la Sessio, d’autre part les évêques.

Ledit rapport, considéré ex parte objecti, c’est-à-dire quant à la Sessio, consiste en tout ce qui est apte par nature, à inaugurer et à favoriser le parfait rétablissement de l’authentique Sessio. Canoniquement, il n’y a pas d’autre processus que celui ci-dessus décrit. Mais Dieu peut intervenir autrement (16), par un miracle qui serait, POUR TOUS, ÉVIDENT ; on doit donc ne rien exclure a priori, mais on doit exclure le jeu de l’imagination, et l’enfièvrement morbide dont s’accompagne trop souvent le recours aux “prophéties”. Le même rapport, considéré ex parte subjecti, c’est-à-dire quant à l’ensemble des évêques subsistant sur terre, en tant qu’ils pourraient concourir au rétablissement de l’authentique Sessio, ce rapport, donc, comporte :

1) dans les “évêques” de l’“église wojtylienne”, à commencer par W. et Ratzinger, une désertion, voire une trahison de plus en plus manifeste.

2) dans TOUS les autres évêques [excepté évidemment ceux qui veulent adresser à W. la remontrance canonique, mais qui seraient emprisonnés, réduits, usés, annulés. En existe-t-il ???], l’impuissance congénitale, c’est-à-dire l’inaptitude radicale à poser des actes ayant canoniquement une valeur ecclésiale.

3) dans les personnes de NN.SS Lefebvre et de Castro Mayer, une sessionite invétérée, trompeuse en fait et sataniquement séductrice.

4) dans les Évêques de la lignée THUC qui s’arrogent une juridiction et risquent ainsi d’être acculés à élire un “pape”, une sessionite créativiste, trompeuse en droit et sataniquement séductrice.

Je m’explique sur ces deux derniers cas.

J’appelle : “sessionite” l’obsession de la Sessio ; tout comme l’apparitionite est l’obsession des “apparitions”. Il y a une Sessio authentique qui est bonne ; il y a des apparitions authentiques qui sont bonnes. Cependant, ces choses ne sont bonnes que sous certaines conditions objectives et précises qui découlent nécessairement de leur propre nature. La déformation, signifiée par le suffixe “ite”, consiste : premièrement dans l’ordre du jugement, à accorder à ces choses une valeur absolue [ex se, à elles seules], indépendamment des conditions qui sont cependant la norme nécessaire et sine qua non de leur bonté ; deuxièmement, et en conséquence, dans l’ordre pratique, à poursuivre la réalisation de ces mêmes choses, à tout prix et par tous les moyens, inconditionnellement, et en particulier sans tenir compte des conditions sans lesquelles leur bonté ne peut subsister.
En l’occurrence, la Sessio est authentique, et donc bonne, aux deux conditions ci-dessus rappelées : 1) une authentique SESSIO ne peut sustenter une “missio” intégralement et radicalement viciée : c’est la charte fondamentale [3aa] ; 2) La Missio, à elle seule, est inapte à engendrer la Sessio [2bb, bc ; 3ba, ci-dessus 3]. La “sessionite” consiste : pour Mgr L. à bafouer la première condition [Mgr L. reconnaît que la “missio” impérée par W. est viciée, à tel point qu’il refuse de s’y conformer (en effet, il tient encore sur la MESSE, bien qu’il ait adopté la liturgie de Jean XXIII : W. au Te igitur, et St Joseph au Communicantes). Et cependant Mgr L. affirme : W. est pape en acte ; bien plus, Mgr L. exclut de la Fraternité St-Pie X les prêtres qui refusent de l’affirmer] ; et la “sessionite” consiste pour certains Évêques de la lignée THUC à ne tenir aucun compte de la seconde condition [“Il faut un Pape”, disent-ils : en quoi ils ont raison. “Prenons donc pratiquement les mesures qui rendront inéluctables de (paraître) créer un pape” : NON, l’authentique Sessio ne peut venir que d’en-Haut, et non de la seule Missio].

Je dis que la “sessionite” de Mgr L. est invétérée : c’est celle d’un vétéran qui toujours s’est refusé à exprimer, sur la conjoncture ecclésiale actuelle, un jugement d’ensemble justifiant sa propre ligne de conduite (17). La règle fut, et demeure jusqu’à présent : “Faire comme avant”. Mgr L. s’accroche aux basques d’un hérétique, pourvu que celui-ci soit “assis”, parce qu’il a été habitué à compter sur la sécurité que donnait à Rome l’authentique Sessio. La “sessionite” de Mgr L. est trompeuse en fait, puisque le prestige personnel de Mgr L. induit et même contraint ceux qui le suivent et le révèrent [et même le considèrent sans en avoir conscience comme étant pape], à croire que W. est pape en acte, alors qu’il ne l’est pas. Enfin, la “sessionite” de Mgr L. est sataniquement séductrice. D’une part en effet, elle appâte les malheureux fidèles par l’illusion d’une fausse sécurité : “Nous avons un pape [mauvais, mais réellement pape] ; nous avons un évêque, “notre évêque Marcel” ; nous avons la MESSE, les sacrements… Que désirer de plus ?” Et d’autre part, à la faveur de cet euphorisme artificiellement créé, la “sessionite”, c’est-à-dire l’obsession de la Sessio, la hantise angoissée d’être privé de pape, se diffuse, fait “tache d’huile”. Et, ainsi, se trouve tout tranquillement injectée en profondeur et incoerciblement, dans les fidèles qui fréquentent habituellement les prieurés, une très grave erreur qui est objectivement une hérésie, concernant la nature même de l’Église, la nature de l’unité entre la Missio et la Sessio. L’arbre, à la longue, s’étiole et meurt, s’il puise un humus empoisonné. Ils perdront immanquablement la Foi, les fidèles qui demeurent confinés dans les Prieurés. “Faites comme avant. C’est si simple, c’est si bon !!” Voilà comment Satan séduit (Gen. III, 5-6). Mais “on ne se moque pas de Dieu” (Gal. V, 6-7). “Vous mourrez de mort” (Gen. II, 17), car le fruit contenait l’hérésie.

Je dis la “sessionite” de certains Évêques appartenant à la lignée THUC est créativiste, en ce sens obvie que le désir inconditionnel de se référer à quelqu’un qui soit “assis”, amène à “fabriquer” artificiellement un pape qui ne peut pas avoir la véritable Sessio. Cela ressemble, “positis ponendis”, aux “messes sans prêtres” qui sont le fruit extrême et typique de la créativité revendiquée par les sectateurs de Vatican II. La “sessionite” créativiste est trompeuse en droit, en ce sens qu’elle entraîne de professer en acte une doctrine qui nie l’absoluité de la Sessio et qui est donc une hérésie. La “sessionite” créativiste est sataniquement séductrice, tout comme celle, invétérée, de Mgr L. La seule différence consiste en ce que celle-ci fait miroiter un acquis, celle-là une promesse ; l’une flatte l’instinct de sécurité, l’autre l’esprit d’aventure.

En tout cela, ni Vérité, ni encore moins Sagesse. Cette déconcertante constatation ouvre sur l’ultime question.

d. Quels sont, concernant l’authentique Sessio, le Jugement de Dieu et le Dessein de Dieu ?

Quant au Jugement de Dieu, trois choses sont certaines puisqu’elles le sont par la Foi.

Premièrement, la “sessio” et la “missio” wojtyliennes NE SONT PAS la Sessio et la Missio de l’Église fondée par Jésus-Christ. Deuxièmement, l’authentique Sessio sera rétablie ; et ce ne peut être que par le processus ci-dessus [a] décrit, ou directement par une intervention de Jésus-Christ. Troisièmement, la Missio, actuellement en état de privation, non en elle-même mais eu égard à la “sessio”, la Missio donc durera, ici ou là sur terre, jusqu’à son rétablissement parfait concomitant à celui de la Sessio ; il en sera ainsi, parce que Jésus a fait, très précisément pour la Missio, une promesse qu’Il n’a pas faite dans les mêmes termes pour la Sessio : “Je serai avec vous, tout le temps” (Matth. XXVIII, 20). Omnibus diebus : pour la Missio, aucune interruption.

Quant au Dessein de Dieu, concernant le rétablissement de la Sessio, l’évanescence des espoirs prématurés nous rappelle à l’austère réalité. Nous ne savons rien, parce que Dieu est libre ! Nous devons donc ne rien exclure a priori, mais plus encore respecter le Mystère, en aimer le secret, et l’adorer. Jésus dort dans la barque. Il a fait observer que, Le réveiller, était manquer de Foi (Matth. VIII, 26). Il faut donc, concernant le rétablissement de la Sessio, attendre, “in silentio et spe” (Isaïe XXX, 15) ; “espérant contre l’espérance même” (Rom. IV, 18).

bb. – L’Épiscopat et la Missio, dans l’Église en état de privation.

Nous laissons maintenant de côté l’“Église wojtylienne” : elle est en effet étrangère à la Missio ; elle n’a comme telle (quoi qu’il en soit des fidèles odieusement trompés), RIEN DE COMMUN avec la Missio, sinon des formes extérieures sataniquement trompeuses.

La question que pose le rapport existant en droit entre l’Épiscopat et la Missio, est donc la suivante. Les Évêques qui, souscrivant à la charte fondamentale [3aa], appartiennent certainement à l’Église en état de privation, doivent-ils, tout comme dans l’Église en ordre, exercer la Missio dans la vertu du Saint-Esprit, bien qu’ils soient en fait privés de la Sessio, laquelle est une composante de l’Épiscopat [cf. 2] dans l’Église en ordre ? Or cette question se dédouble. Car l’exercice plénier de la Missio, qui consiste à consacrer des Évêques, est, dans l’Église en ordre, subordonné à la Sessio, laquelle se manifeste, dans la cérémonie du Sacre, par la lecture inaugurale du “mandat romain”. Que l’Évêque ordonne des prêtres, dans l’Église en état de privation comme dans l’Église en ordre : tous les fidèles l’admettent et même le désirent. Que l’Évêque, privé de la Sessio dans l’Église en état de privation, fasse cependant ce qu’il ne peut faire légitimement dans l’Église en ordre, qu’en usant de la Sessio : sur ce point, il y a discussion ; et il y a donc, concrètement, question. Celle-là même qui constitue l’intitulé du présent article : convient-il de sacrer des Évêques ?

On va dans ce paragraphe, répondre à cette question. Enfin ! pensera-t-on. Au lecteur, impatient (?), je fais observer que la réponse désirée, brève et catégorique, ne peut être faite à un point de vue analytique, par argument de raison. Cette réponse ne peut être fondée qu’en Sagesse, sur l’examen global, ci-dessus exposé, de toute la situation. Voici le “syllogisme d’exposition”.

a’. IL FAUT poursuivre la Missio, même dans l’Église en état de privation.

En voici quatre raisons : d’ordre objectif [A, B, C] ; d’ordre personnel [D].

A. Ordre théologal. La Missio, c’est l’offrande de l’Oblatio, et c’est la garde du Dépôt. Le Dépôt est ordonné au ‘“salus animarum” ; mais l’Oblatio l’est primordialement à la Gloire de la très Sainte Trinité. L’Oblation pure, accomplie sur la Croix, renouvelée et perpétuée dans la Messe, est en droit l’ultime justification de toute la création ; et, pour le moins en fait, de l’Incarnation et de la Rédemption. Si l’Oblation pure a déserté l’“église officielle”, comme l’a prédit le prophète Daniel, c’est un motif de surcroît pour qu’elle dure actuellement dans l’Église en état de privation ; puisque, Jésus l’a promis, ELLE DURERA TOUT LE TEMPS (Matth. XXVIII, 20). Il en sera ainsi, parce qu’il DOIT en être ainsi, OBJECTIVEMENT. IL DOIT en être ainsi, IL FAUT qu’il en soit ainsi, maintenant.

B. Ordre moral.Qui ne croira pas sera condamné” (Marc XVI, 16). Croire requiert un objet, et c’est le Dépôt (18). Le Dépôt est communiqué dans la Missio. Et il faut préciser ceci. Si la Foi, requise pour le salut, peut en droit subsister sans autre sacrement que celui du baptême, l’expérience confirme que, sans les autres sacrements et primordialement l’Eucharistie, la Foi s’étiole et disparaît. La Foi ne peut en fait subsister, de génération en génération, que sustentée par tous les sacrements, et donc par l’intégralité de la Mission.

C. Ordre ecclésial. Tous les fidèles estiment que l’Église doit durer. De par la promesse divine, ils sont certains que l’Église durera. Or, point d’Église sans Hiérarchie [cf. 2]. Comment la Hiérarchie peut-elle durer ? Formellement, par la transmission de la Sessio : OUI. Cependant, cette transmission, à elle seule, ne suffirait pas. L’élu d’un Conclave valide est Pape au moment où il accepte l’élection ; À LA CONDITION cependant qu’il s’engage à recevoir, s’il ne les possède pas déjà, tous les degrés de la Hiérarchie sub ratione ordinis : ce qui ressortit expressément à la Missio. L’“élu” du “mandat romain”, qui inaugure la cérémonie du Sacre épiscopal, n’est pas créé Évêque par la lecture du “mandat”. Il ne devient Évêque qu’en recevant la Consécration épiscopale. Et si l’acte devant conférer cette Consécration est invalide, le “mandat romain” tombe dans le vide. Sans Missio, plus de Sessio, ni de Hiérarchie, ni donc d’Église (19). S’il est vrai que la Missio, à elle seule, est impuissante à enfanter la Sessio, la Sessio, à elle seule, est vouée à une mort lente, et ce ne sont pas les astuces des canonistes qui la ressusciteront ! Si donc l’Église doit durer – et il le FAUT, et elle durera ! – alors IL FAUT poursuivre la Missio. Et même, doit-on préciser d’après ce qui précède immédiatement, il faut que subsiste la plénitude de la Missio “rationes ordinis”, c’est-à-dire qu’IL FAUT consacrer des Évêques.

D. Ordre personnel.Et maintenant, moi, je serai avec vous [vous = “les onze disciples” (Matth. XXVIII, 20) : Pierre, à parité avec les dix autres. Il s’agit donc expressément de la Missio, IL NE S’AGIT PAS FORMELLEMENT de la Sessio] tous les jours, toujours, jusqu’à la fin du Siècle” (Matth. XXVIII, 20). La Missio est vierge de toute interruption : parce que Jésus VEUT qu’il en soit ainsi, et Il l’a dit. IL FAUT que dure la Missio, dans l’Église radicalement fondée sur la MISSIO qui concerne le Chef et qui donc transcende même l’Église (20) ; et cela, même et surtout lorsque l’Église se trouve en état de privation eu égard à la Sessio. Or, QUI fera perdurer l’authentique et plénière Missio dans l’Église en état de privation ? Serait-ce W., qui profère habituellement l’hérésie, et qui a poussé l’outrecuidance jusqu’à blasphémer la très Sainte Trinité (21), serait-ce sur ce W. qu’il convienne de compter pour perpétuer l’authentique Missio ! Métaphysiquement, pareille hypothèse n’est pas impossible. Mais, pratiquement, elle est si improbable qu’elle n’est même plus une possibilité. Et donc, puisque la Missio, de droit divin, doit durer sans discontinuité (22), puisque d’autre part, celui qui devrait, ex officio, la veiller et la promouvoir, s’obstine à la déserter et même à la saborder, alors IL FAUT, DE DROIT DIVIN, que, sans W. subsiste en sa plénitude l’authentique Missio ; c’est-à-dire qu’IL FAUT DE DROIT DIVIN QUE DES ÉVÊQUES SOIENT CONSACRÉS : évidemment sans en référer, à quelque point de vue que ce soit, à W. (23).

b’. – OR, il est impossible de poursuivre la Missio sans Évêques.

C’est ce qu’établissent déjà suffisamment les deux arguments précédents [a’, C, D].

En outre, les deux arguments [a’, A, B] sont permanents. C’est toujours que l’Oblation pure doit monter de la terre. C’est toujours que la Foi, condition nécessaire du salut, requiert en fait pour subsister la réception des sacrements. Or, si la Missio, qui seule assure l’offrande de l’Oblation pure et l’administration des sacrements, doit durer, elle ne le peut qu’en la personne des Évêques qui l’exercent plénièrement (24).

Enfin, c’est par nature même que la Missio requiert des Évêques qui lui soient perpétuellement contemporains. Baptiser et extrémiser comportent des onctions faites avec les huiles consacrées. Qui consacre les huiles ? l’Évêque. Confirmer n’est possible qu’à l’Évêque. Comment donc peuvent-ils baptiser, extrémiser, faire confirmer les enfants qu’ils instruisent, les prêtres qui prétendent exercer, dans l’Église en état de privation, l’authentique Missio, et qui refusent cependant de reconnaître, d’être “una cum”, avec au moins un Évêque exerçant cette même Missio ? Cette incohérence recouvre en fait, toujours, une fraude qui est mensongère et ruineuse. Le principe de non-contradiction s’applique ex se. Ce qui enclôt contradiction ne peut subsister. Point de Missio durable sans Évêque.

c’. – DONC, IL FAUT consacrer des Évêques.

Cette conclusion découle de deux prémisses a’ et b’. Elle s’impose nécessairement, et la preuve n’en a pas été réfutée.

Comment se fait-il que les fidèles soi-disant attachés à la Tradition, en général la refusent pratiquement, même si, pratiquant un superlibéralisme [inconscient ?], ils disent l’admettre “spéculativement” ? La raison véritable en est que ces fidèles “de peu de Foi” ont besoin de sécurité beaucoup plus que de lumière. Ils préfèrent donc spontanément s’accrocher à quelqu’un qui est ASSIS [et, humainement du moins, W. l’est très confortablement !],ce qui les induit à ne considérer ni la Vérité ni les arguments qui les en empêcheraient. Et les prêtres qui, exerçant la Missio, paissent ces fidèles, craignent de les “perdre”, en affirmant CLAIREMENT toute la Vérité. Alors ces prêtres “diminuent la vérité” (25), ou la déguisent, ou la taisent ; et, ils peuvent “conserver” … des aveugles qui tiennent en fait par-dessus tout à demeurer aveuglés (26). À quelles fins ? Dieu le sait. Dieu jugera, Dieu juge déjà. Que Mgr L. s’apprête à consacrer (27) des Évêques, c’est une fort heureuse nouvelle : Mgr L., par cet acte, ne sera plus de ces prêtres-là !

On doit donc se réjouir et rendre grâces, au moins s’y préparer. À la condition cependant que, comme il a été expliqué [cf. 1], Mgr L. soit, par l’“autorité”, déclaré comme étant ipso facto excommunié “latæ sententiæ”.


Notes

1) Ce dont on ne peut que se réjouir dans le Seigneur, et féliciter Mgr L. L’encourager dans ce projet fut d’ailleurs opportun. En 1976, sans les instances conjuguées et insistantes de Mlle Luce Quenette et du P. Guérard, Mgr eût cédé à d’insidieuses objurgations, celles notamment de M. Louis Salleron : “ne compromettez pas l’union … ne faites pas d’ordinations”. Mgr L. fut profondément perturbé. Enfin, il se ressaisit ; il fit les ordinations, Deo Gratias ! L’entreprise de Mgr L. serait aussi bonne qu’il est possible dans l’Église en état de privation, n’était la distorsion radicale et ruineuse, concomitante au fait de proclamer W. comme étant l’Autorité.

2) Donner ce pouvoir n’appartient qu’au Siège apostolique. Sur ce point, Mgr L. a usurpé. Et les confirmations ainsi administrées sont très probablement invalides.

3) C’est-à-dire que la question du “mandat romain” serait astucieusement occultée, et en définitive éludée.

4) Cette hypothèse n’est malheureusement pas exclue. Elle rejoint en effet une “résolution” qui avait été envisagée, quand les fidèles attachés à la Tradition se sont groupés en un mouvement apparemment consistant, et avec lequel l’“autorité” jugea opportun de “composer” … ou de le paraître ! Les “traditionnels” auraient constitué une sorte de patriarcat demeurant subordonné à la “rome” nouvelle, et recevant d’elle l’approbation d’une liturgie propre. Mgr Ducaud-Bourget était l’un des “patriarches” possibles. Fort heureusement, des rivalités d’ordre personnel firent échouer le projet. On peut craindre que le très rusé W. n’en reprenne la substance. Accorder à tels groupes de fidèles la faculté de demander à “rome” SOUS CERTAINES CONDITIONS la permission de faire célébrer la MESSE traditionnelle, a constitué un pas important dans ce sens.

5) BOC n° 101, juin 1985 : pp. 12-24.

6) Attendu que, dans les réalités créées, un ensemble de choses n’a d’unité et ne constitue donc : “un ordre”, que si toutes ces choses procèdent, à un même point de vue, d’un principe unique. Aucun ordre créé ne pourrait subsister, comme le fait la hiérarchie de l’Église, en intégrant deux “rationes”, c’est-à-dire deux principes d’ordination qui sont entre eux formellement différents et donc irréductibles.

7) La traduction exacte est : “l’Épiscopat est premier dans LA hiérarchie de l’Église considérée selon l’ordre”. Nous croyons préférable, et pour la brièveté et pour la précision, de conserver la locution latine : ratione ordinis [“Ordre comprend, en l’occurrence, le Sacrement de l’Ordre, et en outre l’Épiscopat]. De même, l’Épiscopat est subordonné, dans la hiérarchie de l’Église considérée selon la “juridiction” : ratione jurisdictionis.

8) Actes XX, 28.

9) Vatican I. Pastor Æternus Cap. 3 DS 3061.

10) Ces mêmes conclusions se trouvent puissamment corroborées par l’analyse de l’ordonnancement que comporte la cérémonie du Sacre épiscopal.

– 1) La lecture du “mandat romain”, désignant la personne épiscopale, manifeste le charisme directif qui est EXCLUSIVEMENT propre au Souverain Pontife. Et voilà, s’exerçant en acte au début de la cérémonie, l’irremplaçable rôle de la Sessio, qui est pour ainsi dire de “prendre en main” et d’orienter toute la Missio, d’en appliquer la grâce divine aux personnes concrètes qui doivent en être divinement les instruments.

– 2) Ensuite se déroule la cérémonie sacrée proprement dite, laquelle confère à l’élu la Consécration épiscopale. Cette cérémonie, supposé que le rite soit dûment respecté, est valide ex se, c’est-à-dire INDÉPENDAMMENT du “mandat romain” : et voilà signifié et manifesté également en acte, l’absoluité, l’intouchabilité de la Missio : la Consécration épiscopale, qui ne fait pas partie du sacrement de l’Ordre, est cependant communiquée à la manière d’un sacrement.

– 3) Enfin, si ladite cérémonie s’accomplit, l’Église étant en ordre, indépendamment du “mandat romain”, c’est-à-dire sans l’assentiment de l’Autorité, cette cérémonie est sacrilège ; et les deux Évêques, consécrateur et consacré, encourent ipso facto l’excommunication latæ sententiæ. Et se trouve ainsi manifestée, toujours en acte (ipso facto), la coordination ou l’involution quant à l’ordination, entre la Missio et la Sessio.

11) “Église occupée”, et “Église en état de privation” désignent la même réalité : privation, signifie l’état de l’Église PRIVÉE de Sessio en acte ; occupée, signifie la cause de cette privation. Il n’y a pas de Sessio en acte, parce que le Siège est occupé par un intrus.

12) Et cela est décisivement confirmé, par le droit ecclésial DIVINEMENT INSTITUÉ : Paul VI ayant, le 7 décembre 1965, promulgué l’hérésie, au nom d’une assemblée qui aurait dû être, ex se [de par sa constitution même], le Magistère ordinaire universel de l’Église, et qui aurait donc dû être infaillible.

13) M. l’abbé de Nantes est, en paroles, le plus tumultueux. Mais comment le prendre au sérieux ? À des personnes lui faisant observer que ses pertinentes et brillantes critiques de W.-Ratzinger impéraient logiquement de sa part le refus de W. comme étant en acte le Vicaire de Jésus-Christ, l’abbé répondit : “Je n’ai pas le courage de faire le pas”. La défaite est la résultante de multiples capitulations. Critiquer W. et lui désobéir, en reconnaissant qu’il est l’Autorité, c’est servir AU MIEUX l’intérêt de W. C’est ce que fait M. l’abbé de Nantes, TOUT COMME Mgr Lefebvre.

14) Par une telle “remontrance”, ces évêques wojtiliens :

– 1) eussent exercé l’authentique Missio ;

– 2) se fussent dissociés de W. ;

– 3) eussent recouvré formaliter leur participation à l’authentique Sessio ;

– 4) fussent devenus ipso facto Évêques de l’Église en état de privation ;

– 5) eussent constitué, au sein de l’Église en état de privation, la pierre d’attente de la Sessio.

15) On peut charitablement espérer que ces Évêques, reconnaissant W. comme étant l’Autorité, font partie de l’Église ; mais il est impossible d’en avoir la certitude [cf. note 5]. Or, ne peuvent jouer un rôle dans l’Église que les personnes dont il est certain qu’elles font partie de l’Église.

16) “Quia non erit impossibile apud Deum omne verbum” (Luc I, 37).

17) Telle est la cause, véritable et radicale, des scissions qui ont, périodiquement, ébranlé Écône.

18) “La Foi vient donc de la prédication, la prédication de la parole du Christ” (Rom. X, 17). Et, “la prédication vient de la Mission” (Rom. X, 15).

19) C’est en train d’arriver… pour l’église wojtilienne. Les “consécrations épiscopales” y sont-elles encore valides ? On peut en douter très sérieusement. Et donc, de par le tutiorisme requis, il faut répondre : non. Dans ces conditions, le vestige résiduel de Sessio qui pourrait encore subsister en la personne de W., ne peut être communiqué. D’ici peu, en toute objectivité, les fonctionnaires de l’église officielle ne pourront être appelés “évêques” qu’à la faveur d’une totale équivocité. Y avez-vous réfléchi, Père de Blignières et autres, qui dénigrez et refusez les Évêques de la lignée Thuc ? Avant deux décennies, ils seront, sur terre, les seuls à être Évêques ! à moins évidemment que Mgr L. se décide enfin à en consacrer… sans s’engager à reconnaître W. comme étant l’“Autorité”.

20) “Alors, Jésus leur [= les dix, Thomas étant absent (Jn XX, 24)] dit de nouveau : “Paix à vous ! Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie…” (Jn XX, 21).

21) W. ; rencontre avec la jeunesse musulmane au stade de Casablanca [90.000 jeunes] lundi 19.03.85, 19h30 : “Chrétiens et musulmans, nous avons beaucoup de choses en commun, comme croyants et comme hommes… Nous croyons au même Dieu le Dieu unique, le Dieu vivant, le Dieu qui crée les mondes et porte ses créatures à leur perfection” (Documentation catholique 06.10.85, n° 17 p. 942, b).

22) La raison en est que la Missio est d’origine transcendante [cf. note 20]. C’est par nature qu’elle porte, immanent à elle-même, le sceau de l’Éternité, et qu’elle subsiste par conséquent en chaque instant de la temporalité.

23) Il n’y a, ni à juger W. [“moi, je ne juge personne” (Jn VIII, 15)], ni à reconnaître, fût-ce apparemment, en recourant à lui, sa frauduleuse “sessio”.

24) Sans Évêques, respectivement solidaires de chaque génération, et donc se renouvelant, ni la Missio, ni la Foi, ni l’Oblatio ne peuvent subsister. C’est la si douloureuse histoire de la “petite église”.

25) “Diminutæ sunt veritates a filiis hominum” (Ps. XI, 2).

26) “Car quiconque fait mal hait la Lumière, et ne vient pas vers la Lumière, de peur que ses œuvres n’apparaissent telles qu’elles sont” (Jn III, 20). Ceux qui tiennent en fait avant tout à leur sécurité, se rendent par le fait même incapables de considérer la Vérité. “Celui qui aime sa vie la perd…” (Jn XII, 25). Ceux qui aiment d’abord leur sécurité, perdent le goût même de la Vérité.

27) Il est opportun de rappeler qu’une telle Consécration : premièrement, serait valide, puisqu’en vertu du Droit canon [“retouché”, de 1917], Mgr L. est évêque, bien qu’il ait été ordonné et consacré par le franc-maçon Liénard ; deuxièmement serait LICITE [bien qu’illégale], puisque les canons 953, etc., comme toutes les lois purement ecclésiastiques, n’ont force exécutoire que par le Pape régnant ; or, au temps de W., il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de Pape régnant. Les Évêques sacrés dans ces conditions [c’est-à-dire sans “mandat romain”], doivent évidemment se soumettre par avance au jugement du Pape, si, de leur vivant, Dieu donne un Pape à l’Église.